Découvrez São Vicente, surprenante île du Cap-Vert : les lumières de la ville de Mindelo camouflent de petits villages de pêcheurs, de superbes plages, un parc naturel, des spots de surf... un petit paradis.
Bateaux amarrés dans la baie de Mindelo à São Vicente
São Vicente en quelques lignes
São Vicente, au Cap-Vert, plutôt petite (227 km2), est située au nord-ouest de l'archipel. Bien que tardivement habitée, avec 74 000 âmes, soit environ 15 % de la population, elle est aujourd'hui la seconde île la plus peuplée du pays. Un peu plus de 93 % de ses habitants vivent en milieu urbain, à Mindelo.
São Vicente est renommée pour sa vie culturelle : Mindelo, repère d'artistes, fourmille d'animations variées. Mais l'île se prête tout autant à la détente et au farniente sur ses magnifiques plages, aux sports terrestres, dont la randonnée et le vélo, et à divers sports nautiques.
Les balades tranquilles sur le Monte Verde, le sommet de l'île ou sur la côte, d'où l'on aperçoit de temps en temps les îles voisines, révèlent toute la biodiversité de São Vicente.
Entrer en contact avec les Mindelenses comme avec les habitants de Salamansa, Calhau ou encore São Pedro, petits villages de pêcheurs, est l'occasion d'approcher l'activité économique, la vie locale et les problématiques actuelles du Cap-Vert telles que l'insertion dans l'économie-monde, la subsistance, la gestion de l'eau, le recyclage et la préservation de la nature.
Découvrir São Vicente en un clin d'oeil
« A l'aube, nous avons sauté dans un avion [...], traversé Mindelo en trombe, enlevé deux billets à l'agence maritime, foncé au port, enjambé la passerelle du ferry. Nous voguons [vers Santo Antão]. » (Notes Atlantiques, Jean-Yves Loude)
Pas si viiite!
Le voyageur pressé de rejoindre les sentiers de Santo Antão passe à côté de ce que São Vicente offre à celui qui se pose ne serait-ce que quelques heures pour la découvrir. Cachant bien son jeu, ce caillou pelé recèle des trésors...
De passage à São Vicente? Découvrez le meilleur de l'île en une journée ou une demi-journée.
Si, comme nous, vous aimez prendre le temps... sachez qu'un séjour de plusieurs jours à São Vicente est idéal pour profiter de tous les atouts de l'île. Il y a tant de choses à faire, à voir, à visiter!
Immersion culturelle à Mindelo
A commencer par Mindelo, qui offre en permanence un véritable bain de culture : musique, théâtre, cinéma, arts plastiques et arts vivants s'y mêlent.
Déambuler dans Mindelo, c'est également voyager dans le temps : le fil de l'histoire court au fil des rues, reliant l'époque coloniale au présent. L'architecture, marquée par différentes influences, héritages de l'exploitation de l'île qui a réellement commencé il y a seulement deux siècles, est une véritable frise chronologique.
Il faut en fait, pour apprécier pleinement la ville, s'y fondre : accompagner les habitants dans leur marche matinale et se récompenser d'un petit-déjeuner cachupa, parcourir les allées des différents marchés pour s'égarer dans des bavardages avec les marchandes, s'ébahir de l'habileté des artisans et des graffeurs en plein barbouillage, se laisser captiver par une partie d'awalé entre experts sur la place, etc. On y passerait des semaines...
Lire aussi : Que faire à Mindelo?
Balades à São Vicente
Mais l'île de São Vicente propose bien d'autres horizons.
Eloignons-nous du centre-ville pour nous "perdre" en banlieue : des Mindelenses des quartiers périphériques nous ouvrent les portes de leurs maisons, nous proposant de nous initier à la cuisine capverdienne ou à la préparation du cuscus, un gâteau typique à base de maïs.
Les habitants des autres bourgs de São Vicente vivent principalement de la pêche. Echanger avec les pêcheurs de Salamansa, de Calhau ou de São Pedro est l'occasion de découvrir leur métier, leur vie quotidienne, leur rôle dans l'économie locale et la protection de la nature.
Le meilleur moyen d'apprécier leur travail est peut-être de goûter un excellent “plat de la mer” (poisson, poulpe...) dans des cadres maritimes magnifiques, à Calhau ou São Pedro.
On y découvre aussi leurs contributions à la préservation des tortues marines, qui fréquentent les plages de São Vicente depuis des siècles. Les pêcheurs nous emmènent nager avec elles ou les observer dans leur environnement naturel.
A Salamansa, bourg composé de maisons aux couleurs chatoyantes, dont les rues sont le terrain de jeu d'enfants rieurs, les conversations avec les locaux permettent d'approcher la problématique cruciale de la gestion de l'eau : ici, l'unique point d'alimentation est la fontaine. Le lieu est idéal pour aborder également avec les habitants l'organisation locale et leur approche durable du développement.
Les pêcheurs excellent, d'ailleurs, dans le recyclage, un art au Cap-Vert. On ne peut qu'admirer leur savoir-faire en la matière, en les observant voguer leurs barques originales, de São Vicente à Santa Luzia, l'île déserte voisine.
Au Sud-est, Madeiral apparaît presque comme un mirage : dans cette île aride, il s'agit de l'un des rares espaces cultivés, une véritable oasis dédiée à l'agriculture vivrière.
Randonnées vers les sommets de l'île
Le Monte Verde, sommet de l'île de São Vicente, culminant à environ 750 mètres, est aujourd'hui une réserve naturelle de plus de 300 hectares, abritant plusieurs espèces endémiques telles que la "langue de vache" (ci-contre). Les marcheurs se lançant dans son ascension (2 à 3 h, +/- 500 mètres), dans un cadre plutôt verdoyant, sont récompensés de leurs efforts par une vue imprenable sur les îles voisines de Santo Antão, Santa Luzia et, par temps clair, São Nicolau. En chemin, on rencontre souvent des habitants venus prendre soin de leurs plantations ou de leur petit cheptel. A plus de 80 ans, l'un d'eux fait le trajet chaque jour!
Calhau, bourg aéré, posé à l'horizontal entre mer et volcans éteints, propose également une belle grimpette : les petits et grands sportifs peuvent se diriger vers les hauteurs pour jouir d'une jolie vue sur le village et ses alentours.
Un autre point de vue, sur la baie de São Pedro, dont la couleur indigo tranche avec celle de la terre, du phare que l'on rejoint en moins d'une heure de marche depuis le petit bourg de pêcheurs aux maisons colorées, est accessible, sous réserve de prudence sur le sentier à flanc de falaise.
Une balade dans les environs de Viana, enfin, offre un point de vue sur Santa Luzia ainsi que les îlots Branco et Razo.
A pied, à vélo ou à cheval sur les plages de São Vicente
Promenade, randonnée ou plage : un dilemme pour vous? Ne choisissez pas : mettez un peu de sable dans vos bottines...
Les promeneurs apprécient d'évoluer tranquillement sur la lave depuis Calhau pour aboutir à Praia Grande, un interminable ruban de sable chaud et doré, en fait un chapelet de criques séparées par les roches volcaniques bordant la plage. Il fait bon y marcher mais aussi s'y poser, bercé par le bruit de l'océan houleux.
La large et longue plage, en aval du bourg de Salamansa, plus au nord, animée par le fracas des vagues puissantes et frangée d'écume, se prête tout autant aux balades en bord de mer.
Vos promenades ensoleillées et iodées y sont agrémentées par le spectacle captivant de la lutte, certes inégale, entre les vagues et ceux qui viennent les défier.
Vos pas peuvent aussi vous mener... au bout du monde. Après une balade de quelques kilomètres à pied, à vélo ou à cheval dans un cadre paisible, s'offrent à “l'aventurier” des plages ou des criques désertes, véritables petits coins de paradis : Topim, Fateja, Flamengo sont leurs petits noms. Seuls au monde, vous profitez d'un pique-nique ou d'un repas préparé au grand air, et d'un long moment de détente, peut-être ponctué de baignades selon l'endroit.
Depuis la petite localité du même nom, la magnifique plage de Baia das gatas, quant à elle, est à portée de tongues. Les adeptes de la baignade et du farniente y sont tout simplement au paradis! Circulaire, de sable blanc et longue d'environ 600 mètres, elle longe des eaux translucides, protégées des courants par une barrière rocheuse. On y nage sans risque dans une gigantesque piscine naturelle. Baia das Gatas doit son nom aux requins-chats couleur sable, inoffensifs, qui la peuplent.
Aujourd'hui, chaque année au mois d'août, à la pleine lune, des milliers de personnes s'y retrouvent pendant trois jours à l'occasion d'un festival de musique capverdienne et étrangère, internationalement renommé. On y danse les pieds nus sur le sable tout chaud, bien sûr, mais pas seulement : le programme comprend aussi des animations culturelles et sportives, dont parfois une compétition équestre. L'accès est gratuit, l'hébergement aussi, puisqu'il suffit de planter sa tente dans le sable...
Sports nautiques : de nombreux spots, parmi les meilleurs du Cap-Vert
Les eaux cristallines et turquoise de São Vicente, tantôt paisibles, tantôt remuantes, invitent à la pratique de nombreux sports nautiques. Et il y en a pour tous les goûts!
Mindelo est le cadre rêvé pour une balade originale... sur l'eau. Accessible au plus grand nombre, le paddle permet de glisser sur les eaux calmes de sa baie, de découvrir sa marina, ses bateaux échoués, ainsi que la ville, depuis la mer. Ajoutez une séance de méditation en bord de mer à cette petite virée maritime, et vous terminez la journée totalement zen!
La plage de Laginha, située en plein centre-ville, face à la baie, est une véritable piscine olympique... de 500 mètres de long. Amateurs de natation, de biathlon ou de triathlon, elle est un lieu d'entraînement idéal. Du matin au soir, y convergent les petits et grands sportifs de la ville, jeunes et moins jeunes, pour une séance de natation, de musculation, voire... de foot.
Mais les adeptes du barbotage tranquille, le nez sur les coraux, y verront aussi un lieu d'exploration parfait, y compris pour les bambins.
Si le snorkeling peut se pratiquer presque... jusqu'en centre-ville, on compte aussi autour de l'île de São Vicente des dizaines de sites de plongée permettant l'immersion dans la vie sous-marine et l'observation de la faune : des requins et tortues fréquentent les eaux alentours, mais aussi des raies, murènes, langoustes ainsi que de nombreuses espèces de poissons.
Entre São Vicente et Santo Antão ou Santa Luzia notamment, les passionnés de pêche sportive peuvent traquer les plus gros d'entre eux, dont les thons jaunes, espadons et marlins bleus.
Les amateurs de glisse, débutants ou experts, ne manquent pas de spots, le vent balayant généreusement le Cap-Vert, et São Vicente en particulier : les vagues de São Pedro, Topim, Praia Grande, Salamansa, entre autres, se prêtent notamment au surf, au kitesurf et au windsurf.
São Vicente en pratique
Venir à São Vicente
L'aéroport international de São Vicente (situé à São Pedro) accueille les voyageurs arrivant de l'étranger, directement ou via le Portugal, mais aussi d'autres îles du Cap-Vert.
On peut aussi se rendre à São Vicente en bateau depuis Santiago (Praia) ou São Nicolau. Le port de Mindelo accueille par ailleurs les plaisanciers.
Et chaque jour, un ferry relie Vicente à Santo Antão, l'île voisine.
Votre voyage au Cap-Vert peut donc être dédié à l'île de São Vicente ou combiner la visite de plusieurs îles, notamment Santo Antão, la plus proche, et São Nicolau.
Lire aussi : Venir au Cap-Vert et liaisons inter-îles
Transports sur place
Le transfert de l'aéroport à Mindelo (11 km) prend une quinzaine de minutes. Comme les autres transferts sur l'île, il peut être effectué en aluguer (transports collectifs - sur demande uniquement), en taxi ou en véhicule privé. Nous organisons tous vos transferts sur demande.
Hébergement
São Vicente propose une gamme variée d'hébergements allant de l'hôtel de luxe à la chambre chez l'habitant en passant par l'hôtel standard et la pensão (pension). N'hésitez pas à nous demander d'ouvrir notre carnet d'adresses!
La petite histoire de São Vicente
En 1462, lorsque Diogo Afonso “découvre” São Vicente ainsi que Santo Antão, São Nicolau, Santa Luzia et Brava, les îles de Santiago, Fogo, Maio, Boa Vista et Sal sont déjà portugaises depuis deux ans.
Dans les premiers temps de la colonisation, seules certaines îles, à commencer par Santiago, puis Fogo, sont peuplées et exploitées. Plus de deux siècles durant, les propriétaires de São Vicente, des nobles portugais qui l'ont reçue du roi, avant qu'elle ne revienne à la couronne, n'en font rien.
Pendant longtemps, elle n'est occupée que par des chèvres, chassées au cours de campagnes saisonnières pour leur viande et leur peau, destinées d'abord à l'approvisionnement des navires de passage au Cap-Vert, puis à l'exportation. Laissées libres, elles se reproduisent rapidement et, arrachant la végétation jusqu'à la racine, contribuent à dégrader les sols au fil du temps.
A cette époque, l'île sert notamment de lieu de relâche aux baleiniers, à des flottes étrangères, et... aux pirates. En 1618, un anonyme relate deux mois d'escale d'un navire français en route vers les Antilles, commandé par un flibustier dieppois (cf. "Un flibustier dans la mer des Antilles"). Il mentionne des troupeaux de centaines de chèvres, que l'équipage chasse, tout comme les tortues s'aventurant sur les plages. Les prises sont découpées, salées et embarquées. L'île est déjà décrite alors comme pierreuse, dotée d'une faible couverture végétale et infertile, bien que l'équipage y trouve sans peine une eau tiède au goût épicé mais saine.
L'aridité de São Vicente, combinée à l'absence de ressources naturelles, lui vaut une exploitation tardive. Les premières tentatives s'avèrent infructueuses. Au milieu du XVIIIème siècle, il n'y existe qu'un petit groupement d'habitations. La couronne, craignant une occupation étrangère, ordonne en 1781 le peuplement des îles “non habitées” de l'archipel, dont São Vicente. De rares colons venus de Madère et des Açores n'y font pas long feu. En 1795 un colon de Fogo émigrant avec 20 couples et 50 esclaves, s'engage à développer l'île en échange d'avantages, sans plus de succès : il finit ruiné. Enfin, vers 1820, le gouverneur António Pusich y introduit des paysans sans terre, des déportés et des marginaux, prenant soin de protéger l'agriculture des conséquences de l'élevage extensif. Rien n'y fait : en 1832, São Vicente ne compte toujours que 300 habitants. Les longues sécheresses, entre autres, douchent les velléités de développement agricole de l'île.
Un peu plus tard, les caractéristiques idéales de la baie de Porto Grande (Mindelo), dont la position dans l'Atlantique est de plus stratégique, inspirent l'East India, une compagnie anglaise, qui y installe en 1838 un dépôt de charbon destiné au ravitaillement des bateaux à vapeur traversant l'océan. L'évolution de São Vicente se confond dès lors avec celle, rapide, de Mindelo.
A partir du milieu du XIXème siècle, elle est portée principalement par le développement des activités de services liés à l'activité portuaire : commerce, transport, entreposage, logistique pour l'approvisionnement des bateaux, chantiers navals, accueil des passagers et équipages à terre. São Vicente devient aussi un relais de télécommunications, lorsque les Anglais y installent des premiers câbles sous-marins, en 1874. La croissance de l'activité économique induit la mise en place de services bancaires et administratifs, la construction d'infrastructures publiques ainsi que d'habitations.
Elle entraîne un peuplement rapide, des habitants d'autres îles viennent y chercher du travail. En 1860, São Vicente compte plus de 1 100 habitants. Sa population atteint 6 900 habitants en 1890 à l'apogée de Porto Grande et dépasse les 10 000 habitants en 1910, au moment de son déclin.
La chute de l'activité au début du XXème siècle impactant lourdement l'économie locale, on développe par la suite, modestement, d'autres activités dont la transformation des produits de la pêche (congélation, conserve, salaison, production de farine de poisson, etc.) et l'industrie de la chaussure, tandis que la construction d'une usine de dessalement d'eau de mer apporte une solution, certes coûteuse, au problème épineux de l'approvisionnement en eau.
Le brassage de populations à Mindelo, ville cosmopolite depuis ses débuts, a favorisé le développement rapide des arts, si bien qu'aujourd'hui, la ville est considérée comme la capitale culturelle du Cap-Vert. Cette réputation a joué un rôle certain dans l'essor récent du tourisme : si l'aéroport international de São Vicente constitue un nouveau point d'entrée, le port accueille toujours le frêt mais aussi des bateaux de croisière et de plaisance.
La petite île de São Vicente est plus que jamais ouverte au monde...